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contacter l'auteur envoyer à un ami 25 juillet 2018 la folle équipée de m. henri mathey, prisonnier au stalag-luft iii à sagan, près de breslau henri mathey vient de dévoiler, au 17° jour d'interrogatoire, sa véritable identité à un officier allemand, à l'accent d'oxford.... "changement d'atmosphère.-"ha, anthony bolton, alias henri mathey, nous voilà en pays de connaissance... moi aussi, avant de faire ce regrettable métier, j'étais pilote de chasse...nous nous sommes peut-être rencontrés dans le ciel de france". et nous voilà partis dans un échange de points de vue, discutant les mérites comparés du spitfire ix b et du focke-wulf 190 long nez. "have a cigarette?". j'aurais préféré un sandwich. et mon interlocuteur de s'apitoyer sur mon piteux état, s'étonnant que j'aie caché ma véritable identité. fock wulf -"pourquoi? on ne vous aurait fait aucun mal, et comme la plupart de vos camarades, vous ne seriez resté dans cet abomidable endroit que quelques jours seulement avant d'être dirigé comme pilote de la raf dans un camp de prisonniers". et l'allemand m'explique tout. comment, débusqué de nuit, sans uniforme, sans aucun papier d'identité, ni militaire, ni civil, errant derrière les lignes allemandes, on m'a soupçonné d'être un déserteur, un saboteur. "vous savez, ici, on démasque toujours les simulateurs, mais je dois encore vérifier que vous ne nous racontez pas un nouveau mensonge". la conversation se poursuit, je dois concéder quelques informations sans importance. l'officier allemand connaît d'ailleurs tout de nous, ou presque : les localisations successives de nos escadrilles, nos codes radio, la teneur et le résultat de nos missions, le nom des bars de biggin-hill où nous avions l'habitude de nous rendre : le "white horse", le "fantail", et jusqu'au prénom de la serveuse "betty". il me fournit des détails sur notre vie, sur nos habitudes. biggin hill aéroport dans la région de londres je suis abasourdi. quelques pilotes s'étaient fait descendre, portant sur eux, comme cela m'était évidemment arrivé, malgré les instructions formelles reçues, photos, lettres, et que sais-je encore. je dois d'ailleurs mettre quelques noms sur des photos, noms qu'il connaît déjà...rassuré, l'officier se lève -"demain, vous rejoindrez vos amis, et gagnerez avec eux un camp de la raf. de toutes façons, ajoute-t-il, le regard pensif, la guerre est bientôt finie" "good bye gentleman" - "good bye sir". nous nous quittons en nous serrant chaleureusement la main. le lendemain de cette entrevue mémorable, douche, désinfection à la poudre ddt, après la guerre la poudre ddt sert contre les moustiques.... quelques nourritures, un régal, un don du ciel. puis départ avec d'autres, d'abord dans un train aux wagons de voyageurs munis de barreaux, ensuite dans un wagon de marchandises, pour un voyage interminable de plusieurs jours, ponctués d'arrêts en rase campagne, ou sous des tunnels. un périple éprouvant qui se termine au stalag-luft iii à sagan, non loin de breslau, le camp de prisonniers des pilotes de la raf dans un camp rendu célèbre par l'évasion massive, avant mon arrivée, de 76 officiers alliés dans un tunnel de plus de 100 mètres de long creusé au fil des mois. 73 fuyards furent repris un peu partout en allemagne : 50 furent fusillés sur l'ordre d'hitler, 23 réincarcérés et 3 seulement réussirent à regagner l'angleterre. après la guerre, l'exploit dut le sujet d'un livre, puis d'un film assez fidèle "la grande évasion". le lendemain de mon arrivée, convoqué par le squadron leader, responsable anglais du camp, je le convaincs sans peine de ma qualité de pilote de la raf. il me demande des nouvelles de l'angleterre...de la progression des armées alliées, et me prodigue quelques conseils. seul français au mileu de milliers d'aviateurs britanniques, je m'installe dans mon existence de captif. des journées rythmées par des appels, des siestes, promenades, culture physique, lecture, leçons de français dispensées à des camarades anglais. bien traités, très peu et mal nourris en dépit des colis de la croix rouge distribués très irrégulièrement, nous sommes tenaillés par la faim. le moral n'est pas au beau fixe... certains prisonniers sont dans cet endroit, entourés de fils barbelés sur trois rangs et 3m de haut, depuis 4 ans. leur espoir de voir se terminer la guerre pour noël s'est envolé après l'échec retentissant d'arnhem. je pense, moi, être parvenu au terme de mon aventure : prisonnier certes, mais miraculeusement vivant, ce dont je remercie le ciel. mes longues journées de captivité me permettent de rapasser le film de ma folle équipée." a suivre le 28 juillet 2018....retour en arrière : octobre 1940. posté par vivreauxchaprais à 06:00 - commentaires [0] - permalien [ # ] tags : biggin hill , breslau , fantail , focke-wulf 190 , henri mathey , pilote raf , sagan , spitfire ix b , stalag luft iii 21 juillet 2018 anthony bolton, le nom divulgué par henri mathey, fait prisonnier. m. henri mathey est enfermé au centre d'interrogation des aviateurs prisonniers, à frankfurt. afin de ne point révéler sa nationalité française qui pourrait lui valoir, selon lui, de gros ennuis, il se déclare britannique et se nommer anthony bolton. reportage dans le magazine "vu du doubs" du conseil général du doubs mai 2007 " seul, affamé, inquiet seul, affamé, inquiet, j'ai froid, je dors mal, dans l'obscurité de 18 heures jusqu'au lendemain matin, je ressasse des idées noires. la seule distraction : contempler l'extérieur par une fente minuscule dans la vitre de la lucarne. c'est ainsi qu'un matin, je vis qu'il avait neigé pendant la nuit. cinq jours passent, suivis d'interrogatoires menés de jour comme de nuit par différents officiers toujours en uniforme de la lutwaffe, sans aucun résultat : anthony bolton reste muet malgré les promesses et les menaces : "parlez, vous pourrez vous laver, lire, fumer, rencontrer vos camarades qui eux, parlent et ne restent ici que deux ou trois jours". ni coups, ni tortures, mais une mise en condition capable de venir à bout psychiquement, moralement et physiquement des caractères les mieux trempés. je me dégrade, je me sens sale, je suis seul, effroyablement seul, avec ma faim et ma peur. douze longues journées se sont écoulées... un matin, une nouvelle fois extrait de ma cellule, je suis amené devant un officier haut gradé. celui-ci s'exprime dans un anglais parfait, teinté de cet accent si affecté et si typique des étudiants d'oxford. _ "well sir...let us start from the beginning" me dit-il. et de tout reprendre depuis le début..."what is your name"? _ "anthony bolton" avec cette fois la bonne prononciation du fameux th, du moins le pensais-je..._ "anthony" répète l'officier songeur. "say it again" "anthony". décidément ma prononciation de ce fameux th n'est pas excellente! l'officier allemand se lève, et pointant un index accusateur : _"you may look british, but you are not british" martèle-t-il. je m'en veux, à cet instant, de n'avoir pas choisi jack, john ou charles. me voyant démasqué, je bafouille que mon accent français, je le dois à une éducation dans un collège suisse. "lequel ?, dans quelle ville?". perdant pied, n'osant pas dévoiler ma véritable identité, je suis renvoyé dans ma cellule. quelques jours plus tard une femme parlant parfaitement le français, une française peut-être, m'interroge. je lui réponds en anglais puisque je suis anglais...pas évident. on tente le polonais dont je ne comprends pas un mot. nouvelle attente en cellule. seul, affamé, affaibli, diminué, humilié, coupable de m'être fait descendre, je tiens bon tout de même. autre jour, autre interrogatoire, mais cette fois par un petit homme en civil, fort désagréable, qui me met sous le nez le texte supposé de la convention de genève, derrière laquelle je me suis toujours réfugié. selon l'exemplaire qu'il me brandit, j'aurais dû raconter ma vie. et moi de hurler "ce n'est pas la vraie convention de genève, vous l'avez fait imprimer tout exprès". qu'avais-je dit là ? l'homme